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Interview DE PEDRO AREVALO
Par P. Archambeau & Y. Philippot-Degand, traduction Y. Philippot-Degand. Novembre 2008.

RTJ: Hello Pedro. Tout d'abord, nous voudrions te remercier de bien vouloir répondre à nos questions pour “Road to Jacksonville”. Pedro, peux-tu nous dire d’où tu es originaire ?

Pedro Arevalo: J'ai grandi dans le Middle West des Etats-Unis, dans la ville de Cincinnati, Ohio.
A l'âge de vingt ans, j'ai déménagé pour Boston, Massachusetts, pour aller au Berklee College of Music (Université de musique de Berklee, Boston, rien à voir avec Berkeley! n. d T.). Vers vingt-quatre ans, j'ai commencé à voyager à l'étranger avec divers groupes latins et africains. Ces huit dernières années, quand je ne tournais pas, j'étais en Floride du sud dans mon île de résidence (Siesta Key, Floride).

RTJ: Peux-tu nous en dire plus sur tes débuts dans la musique ?
Quelles étaient tes premières influences ? Ton premier instrument ?

Pedro Arevalo: Quand j'étais môme, ma famille vivait dans une cabane en rondins au milieu de nulle part, en dehors de la ville de Cincinnati. Aussi loin que je me souvienne, j'ai été entouré de hippies avec des guitares et divers autres instruments. De mes premières années, je me souviens très bien mes parents et tous leurs amis jouant de la musique autour de feux de camp et sur des bateaux sur la rivière Ohio. Bien que mon père fût certainement ma première influence majeure (dans la mesure où il ne semblait jamais arriver à poser sa guitare), c'est en fait ma mère qui me montra pour la première fois comment jouer sur un orgue électrique jouet. Je devais avoir six ou sept ans lorsqu'elle commença à m'apprendre à jouer des chansons de Noël. Pour mon dixième anniversaire, j'ai reçu ma première basse. Comme la maison était déjà pleine de guitares, à partir de ce moment j'ai quasiment tout le temps été en train de gratouiller quelque chose…

RTJ: De combien d’instruments joues-tu ? Et lequel préfères-tu ?

Pedro Arevalo: Voilà une rude question, je suppose que je joue assez bien d'une demi-douzaine d'instruments, et que j'arrive à me débrouiller sur pas mal d'autres. Là où je suis le plus compétent, c'est sur la contrebasse, la basse électrique, la guitare standard, la slide-guitare,
le dobro, la lap steel guitare, et le cuatro portoricain (sorte de petite guitare à quatre cordes répandue en Amérique latine et comparable à l'ukulélé, N. d T.). Tu sais, pour moi, la variété de jouer de beaucoup d'instruments différents, pendant la semaine, est l'aspect que je recherche le plus. Je ne pourrais pas dire que je privilégie plus un instrument qu'un autre, dans la mesure où ce ne sont que les outils de différentes façons de s'exprimer. Avoir la possibilité de travailler avec une palette de couleurs plus large est pour moi l'aspect le plus vivifiant de la pratique instrumentale.



RTJ: Comment fais-tu pour être à la fois bassiste chez Dickey Betts et guitariste chez Devon Allman ?

Pedro Arevalo: Gérer l'emploi du temps est toujours l'aspect le plus délicat.
Tant que ça fonctionne, je suis juste chanceux d'avoir du boulot.

RTJ: Peux-tu nous dire sur quel matériel tu joues?

Pedro Arevalo: Pour tenir la basse avec Dickey, je joue sur une basse Fender Precision de 1966 autrefois propriété de Berry Oakley, membre fondateur des Allman Brothers. Dickey Betts m'a donné cet instrument il y a quelques années à la condition que je joue dessus. J'emmène aussi une Rickenbacker 4001 de 1973 et une Fender Jazz Bass "relique" de 64 au cas où. Quant à ma contrebasse, j'emporte mon Ampeg Baby Bass du milieu des années soixante en tournée et je laisse à la maison ma contrebasse "Gotz" de 1964 à découpe allemande. Côté amplification, j'utilise une tête à lampes Ampeg SVT 300 Watts et un baffle 8x10. J'amène aussi un combo Epifani et une tête David Dden et des baffles juste au cas où.Pour la slide guitare, j'utilise plusieurs "Telecaster" construites par mon beau-père, Mike Donoghue, sous sa marque "Slidemo". Pour l'amplification des guitares, il m'est arrivé d'amener à la fois un Fender Twin Reverb et un Fender Hot Rod Deville 4x10" en tournée. De toutes façons, pour dire toute la vérité, je préfère le Fender Blues Juniors pour les concerts plus petits et pour enregistrer.

RTJ: Chez Dickey Betts, vous avez deux batteurs, qu’est-ce que cela vous apporte de plus ?
Est-ce plus facile ou plus difficile pour le bassiste?

Pedro Arevalo: Jouer avec deux batteurs, c'est très émancipateur pour un bassiste, en particulier avec la musique de Dickey qui demande une approche très intense et très mélodique. Avec deux batteurs pour verrouiller le tempo, je peux endosser un rôle très différent en temps que bassiste, et participer à la structure harmonique de la musique. Plus comme ça que dans une section rythmique traditionnelle.

RTJ: Tu es venu trois fois en Europe cette année, en mai et juillet avec Dickey Betts, et en septembre avec Devon Allman. Le public réagit-il différemment ?

Pedro Arevalo: Chaque public a une manière différente de réagir. Aux Etats-Unis, la foule a tendance à être chahuteuse et turbulente. D'ailleurs, c'est aussi vrai pour beaucoup de nations européennes si j'en crois mon expérience, certains pays semblent présenter un public plus réservé, quelquefois même frappant en chœur dans ses mains, ce qui forme un fort contraste avec le comportement désordonné avec lequel nous sommes si habitués.

RTJ: Quel a été le show le plus hot, celui de Barcelone ?

Pedro Arevalo: Barcelone a été fantastique! J'aime la ville, j'aime les gens, et ce fut un grand honneur de jouer avec Raimundo Amador et Javier Vargas. Le Festival de l'île de Fehmarm en Allemagne du nord et le Festival Pistoia Blues en Italie ont aussi été des points forts
des tournées européennes de cette année.

RTJ: Quels sont aujourd'hui tes prochains projets musicaux ?

Pedro Arevalo: Je viens juste de finir "Pedro Arevalo & Friends Too" (jeu de mots entre "too"
et "two", N.dT.) avec des invités comme Dickey Betts et Great Southern, Jimmy Fadden
du Nitty Gritty Dirt Band, des membres du Devon Allman's Honeytribe, et beaucoup d'autres amis et la famille. J'espère que le projet sortira avant Noël. Nous avons également déjà commencé à enregistrer des pistes pour mon prochain album.Au programme de Dickey Betts & Great Southern, sont inscrits les sorties d'un album live de la tournée 2008 et d'un DVD de notre représentation au Rockpalast à Bonn, en Allemagne. En plus, je travaille sans arrêt en studio avec d'autres artistes du sud de la Floride sur des projets prometteurs
.
RTJ: En 2005, tu as dit que tu n'écoutais pas beaucoup les nouveaux groupes. Mais il y a en ce moment une sorte de renaissance du rock sudiste, encouragée par le succès de Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band et Gov’t Mule, avec des groupes comme Laidlaw, Rebel Train, The Rebel Pride Band, Derek Trucks Band, Ghost Riders, Liquid Groove Mojo, etc... aux U.S.A., Savoy Truffle au Japon, mais le groupe n'existe plus, et en Europe W.I.N.D., Voodoo Lake, Medicine Hat, Lizard, General Store, Natchez, Plug and Play, Truckers... Connais-tu ces groupes ?

Pedro Arevalo: Eh bien, évidemment nous avons joué avec W. I. N. D. sur quelques étapes des tournées de cet été, ils sont à la fois des musiciens talentueux et des personnes tout à fait aimables. Le Derek Trucks' Band exerce une influence constante sur beaucoup de jeunes musiciens dans le monde du Rock Sudiste et bien au-delà. J'aime l'orientation de Derek sur ses derniers disques, et de la même façon les orientations de chacun des projets des membres de son groupe. C'est un extraordinaire ensemble de musiciens sur la production desquels j'ai toujours été intéressé de jeter un coup d'œil, et j'ai été ravi chaque fois que j'ai eu la chance de travailler avec eux. Ceci dit, je continue à passer la majeure partie de mon temps à écouter de la musique qui a été enregistrée des années avant ma naissance.

RTJ: Toutes les interviews de RTJ finissent par ce genre de question: si tu devais finir ta vie
sur une île déserte, quels pourraient être les cinq CDs que tu emmènerais ?

Pedro Arevalo: Tout d'abord, puis-je emmener mon I-pod? Je suppose que si j'avais à choisir, quelques disques sortiraient aussitôt du lot : "A Love Supreme" de John Coltrane, "Karma" de Pharoah Sanders, et "Redheaded Stranger" de Willie Nelson. Ces derniers temps, je ne peux plus me passer de Django et Stéphane (Reinhardt et Grappelli, N. d T.), donc ils devraient être très haut sur cette liste. Il est impossible de la continuer sans Bob Dylan, ce qui fait que je suppose être déchiré entre "Bringin' It All Back Home" et "Blood On The Tracks". J'espère emmener aussi une guitare, parce qu'il y a un paquet d'autres morceaux que je voudrais écouter avant de mourir.

Encore merci,
Pedro